Les ménages arbitrent leurs
dépenses au détriment de services jugés non essentiels. En clair, ils
s'en passent ou se les payent au noir. D'après le cabinet Oliver Wyman,
le manque à gagner pour l'État pourrait atteindre 2 à 5 milliards
d'euros.
«Face à la hausse des charges, les ménages font des arbitrages et ce sont souvent les services dits “de confort” qui sont sacrifiés», résume Maxime Aiach, président de la Fédération des services aux particuliers (Fesp) et président du réseau de cours particuliers Acadomia. Selon les dernières données de la Dares, les offres de ménage et de repassage représentaient 27,7% de l'activité des entreprises prestataires de services à la personne en 2011, derrière l'assistance aux personnes âgées (53,5%) et devant la garde d'enfants (3,9%). Ces sociétés sont donc particulièrement touchées par les comportements de crise des Français.
Acadomia, par exemple, compte le même nombre d'élèves aujourd'hui qu'il y a cinq ans. Et la société Shiva, la branche de services à domicile du groupe, affiche «une performance deux fois inférieure aux prévisions depuis le début de 2013», s'alarme le dirigeant. De son côté, Domidom Services avait senti le vent tourner. Spécialisée il y a dix ans dans les services liés à la dépendance, l'entreprise avait élargi son offre aux accompagnements ménagers pour profiter du boom du secteur. «Anticipant les effets néfastes des mesures prises en 2010, nous avons réorienté notre activité vers les seniors», témoigne le président du groupe, Damien Cacaret, selon qui «les premières prestations rognées par les ménages ont été celles du ménage, jardinage, bricolage et cours particuliers».
«Le pire plan social de l'histoire»
Un constat partagé par Grégoire de Villartay, directeur associé d'Alfred & Poppins. «Sur ces services, les commandes sont en baisse ou plus ponctuelles, avec une fréquence moindre pour des prestations que le client aurait pu choisir à un rythme hebdomadaire, par exemple.» La tendance déteint également sur les services «de première nécessité», comme la garde d'enfants. «On constate quelques arrêts définitifs de prestations mais plus souvent une réduction du volume horaire pour n'arriver effectivement qu'à l'indispensable», précise le dirigeant.À contre-courant, la société O2, le numéro un en France du marché des services à la personne, a vu son chiffre d'affaires grimper de 13,5% au premier semestre, à 55 millions d'euros. Et ce, malgré des tarifs en moyenne supérieurs de 10% à ceux pratiqués par la concurrence. «Nous aurions pu faire mieux sans les réformes fiscales, peut-être, mais nous sommes très confiants pour l'avenir», affirme son PDG, Guillaume Richard. Le groupe va recruter 4000 personnes sur la deuxième moitié de 2013. «Nous faisons le pari de la qualité, en embauchant des intervenants qualifiés et en proposant un service différenciant à nos clients, pour lequel ils sont prêts à payer plus cher.»
Toujours est-il que la baisse de régime générale fait craindre un retour massif du travail au noir, qui pourrait à nouveau absorber au moins 45% de l'activité dès 2016, selon l'étude d'Oliver Wyman. Son poids était redescendu à 30% entre 2005 et 2010. «La pression fiscale a grippé tout un écosystème, qui était vertueux et créait des emplois», déplore Maxime Aiach. La Fesp estime que plus de 100.000 emplois seront supprimés dans le secteur cette année, «le pire plan social de l'histoire». Au final, entre l'activité illégale et les emplois non créés voire détruits, le manque à gagner pour les caisses de l'État pourrait atteindre entre 2 et 5 milliards d'euros, selon Oliver Wyman. «La seule mesure de suppression du forfait aurait pour impact un manque à gagner pour la Sécurité Sociale de 173 millions d'euros, la perte de 29 millions d'heures et de plus de 40.000 emplois.»
http://www.lefigaro.fr/emploi/2013/07/09/09005-20130709ARTFIG00356-menage-cours-particuliers-les-services-de-confort-sacrifies.php
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